L’opération Torch n’aurait pu être menée à bien sans les prouesses des services de renseignement britannique et américain. Selon Larry Collins et d’autres auteurs de renom, le voyage du convoi SL-125 aurait été révélé volontairement aux services de renseignement ennemis. Car les Alliés avaient une grande avance sur les nazis en la matière.
À partir de juin 1941, les services de renseignement militaire britanniques ont appelé Ultra, les méthodes utilisées pour le renseignement d’origine électromagnétique pendant la guerre, obtenu en brisant le cryptage de haut niveau des communications ennemies captées par les radios et les téléscripteurs du GC&CS (ancêtre du service du renseignement électronique du gouvernement britannique) à Bletchley Park. Finalement « Ultra » devint le nom habituel parmi les forces alliées occidentales pour tout décodage de ce type. Ce nom fut choisi car les informations ainsi obtenues furent considérées comme plus importantes que celles bénéficiant du plus haut niveau de sécurité utilisé jusqu’alors (« Le Plus Secret ») et fut ainsi qualifié d’« Ultra » secret.
La plus grande partie des messages codés allemands étaient encryptés avec une machine Enigma (en plus des machines de type Lorenz, Hagelin1 ou PURPLE, d’origine allemande, italienne ou japonaise). Utilisée correctement, Enigma aurait été quasiment indécodable mais la négligence et des erreurs commises par les cryptographes allemands permirent aux anglais de la décrypter et donc d’avoir connaissance de tous les messages échangés par les forces de l’Axe dès le printemps 1942. Pour ce faire, les cryptographes britanniques avaient également bénéficié de l’aide précieuse des polonais. Le 26 juillet 1939 soit 5 semaines seulement avant la déclaration de guerre, les services secrets militaires polonais avaient en effet fourni à leurs homologues anglais et français des techniques permettant de déjouer une partie des codes d’Enigma.
L’ancien mathématicien décrypteur de Bletchley Park, Gordon Welchman, écrira plus tard : « Ultra n’aurait jamais réellement fonctionné si nous n’avions pas appris juste à temps des polonais les détails à la fois sur l’armée allemande, la machine Enigma et les procédures en usage ». À l’époque et par la suite, beaucoup de spécialistes considérèrent qu’Ultra avait été très précieux pour les Alliés. Winston Churchill dit au roi George VI : « Ce fut grâce à Ultra que nous avons gagné la guerre ». F. W. Winterbotham cita Dwight D. Eisenhower, le commandant en chef des forces alliées occidentales, qualifiant Ultra, à la fin de la guerre, comme ayant été « décisif » dans la victoire alliée. Harry Hinsley, historien officiel du renseignement britannique pendant la deuxième guerre mondiale, fit un constat similaire à propos d’Ultra, disant qu’il avait abrégé la guerre « de pas moins de deux ans et probablement de quatre ». Sans Ultra, on ne sait pas comment la guerre se serait terminée.