Pour comprendre l’importance du convoi SL 125 dans le plan de bataille des alliés, il faut mesurer les enjeux de l’opération Torch qui est sans doute la plus grande et la plus audacieuse des campagnes maritimes de tous les temps.
Le stratagème prend naissance au cours du printemps 1942, au plus fort de la domination allemande. Les îles Britanniques ont évité l’invasion allemande au cours la bataille d’Angleterre mais Hitler est aux portes de Stalingrad. L’Union soviétique se trouve au bord de la rupture. Si les Alliés veulent conserver une chance de gagner cette guerre, ils doivent ouvrir un second front afin de soulager l’URSS. Les américains donnent leur préférence à un débarquement sur les côtes de la Manche. Churchill, lui, n’a pas oublié les intérêts britanniques en Afrique et estime surtout que débarquer sur le continent européen présente de gros risques, compte tenu de la qualité des défenses allemandes et de la faiblesse des effectifs disponibles. Il opte donc pour une offensive moins directe, en Afrique.
Les pourparlers durent quatre jours et aboutissent à un accord désignant l’Afrique du Nord comme objectif immédiat des Alliés. Le général Marshall confie à Eisenhower ce nouveau commandement et le projet est baptisé « Opération Torch » (Flambeau). Il ne peut réussir que s’il reste le plus secret possible. Du côté allié, quelques centaines de personnes seulement sont au courant de cette manœuvre visant à faire débarquer plus de 100000 hommes sur les côtes africaines ! Tous les soldats réquisitionnés pour l’opération n’ont aucune idée de leur destination finale jusqu’au départ des navires des côtes américaines et anglaises. Pour tromper d’éventuels espions allemands, les hommes basés en Angleterre suivent même un entrainement au grand froid, destiné à faire croire qu’ils interviendront en Europe du Nord (on les initie même au ski et des dizaines de milliers de gants, anoraks et pull-overs de laine sont fabriqués pour l’occasion). Comme l’aurait dit Churchill, l’opération Torch doit « être réglée comme le sont les pierres sur un collier de pierres précieuses ».
Les convois d’assauts partent de Norfolk tandis que les forces de couvertures appareillent de Casco Bay. Ils rejoignent cinq porte-avions partis des Bermudes, pour former la plus fantastique force navale jamais lancée dans les océans. Une armada de 350 bâtiments de guerre et 500 navires de transport, d’une longueur linéaire de 50 km sur 40 de large pour franchir plus de 8 000 km sur un océan infesté de sous-marins allemands. La nuit du 8 novembre, ce sont 107 000 hommes qui débarquent dans la plus grande discrétion sur la côte nord-africaine. Le lendemain matin, les Alliés déclenchent l’assaut et trois task forces(corps expéditionnaires) entreprennent de saisir les ports et aéroports stratégiques de Casablanca, Oran et Alger, avant d’avancer vers la Tunisie, à l’est.
A l’aide d’images d’archives, vidéos et photos, de dessins, de documents écrits et d’images 3D, nous évoquerons le périple du convoi et reconstituerons sur la carte de l’Atlantique, les mouvements des navires de l’opération Torch. Une image animée en 3D simulera le formidable stratagème mis en place par les forces anglo-américaines.